Nov 24, 2025

Refroidissement liquide : la frontière entre innovation et pragmatisme énergétique

Le refroidissement liquide s’impose progressivement comme une solution crédible pour gérer la montée en puissance énergétique des data cen

Refroidissement liquide : la frontière entre innovation et pragmatisme énergétique

Le refroidissement liquide s’impose progressivement comme une solution crédible pour gérer la montée en puissance énergétique des data centers. Ce n’est pas une révolution soudaine, mais une transition physique et technologique face à un constat simple : l’air ne suffit plus à dissiper la chaleur générée par les nouvelles générations de processeurs et de GPU.

En 2026, l’enjeu n’est plus de savoir si le refroidissement liquide remplacera l’air, mais où, quand et dans quelles conditions économiques et techniques il devient pertinent.

1. Pourquoi l’air atteint ses limites

Les densités de puissance des racks ont doublé en moins de dix ans, passant de 5–8 kW en 2015 à 15–20 kW en moyenne selon l’Uptime Institute (2025).
Les infrastructures d’intelligence artificielle ou de calcul haute performance (HPC) dépassent désormais 50 kW par rack.

Or, l’air présente une capacité thermique très faible : il transporte environ 3 000 fois moins d’énergie par unité de volume que l’eau (ASHRAE, 2024).
Résultat :

  • le refroidissement par air devient énergivore (PUE souvent >1,6),
  • il occupe plus d’espace,
  • et atteint ses limites mécaniques et acoustiques.

C’est ce constat physique  et non un effet de mode  qui pousse les opérateurs à explorer le liquide.

2. Les trois grandes approches technologiques

1️⃣ Liquid-to-Chip (L2C)

Des plaques froides sont placées sur les processeurs et GPU, alimentées par un circuit d’eau ou de fluide caloporteur.

  • Avantages : technologie maîtrisée, compatible avec des serveurs standards, maintenance aisée.
  • Limites : nécessite une boucle secondaire pour isoler le fluide et une infrastructure d’échange thermique.

2️⃣ Immersion Cooling

Les serveurs sont plongés dans un fluide diélectrique isolant.

  • Excellent transfert de chaleur, élimine les ventilateurs internes.
  • Réduction potentielle de jusqu’à 90 % du besoin en climatisation selon Schneider Electric (Immersion Cooling Report, 2024).
  • En revanche, maintenance plus complexe et compatibilité limitée des composants.

3️⃣ Rear-Door Heat Exchanger (RDHx)

L’air chaud est capté à la sortie du rack et refroidi via un échangeur liquide intégré à la porte arrière.

  • Technologie éprouvée et standardisée.
  • Réduction typique du PUE de 0,05 à 0,1 point selon les données Vertiv (2025).

Ces technologies ne s’excluent pas mutuellement : elles s’adaptent selon la densité et le type de charge.

3. Les gains observés et vérifiés

Les retours publiés par Meta (Open Compute Project, 2025), Microsoft, et Lefdal Mine Datacenter (Norvège) indiquent :

  • une baisse moyenne de 10 à 20 % de la consommation électrique totale du site,
  • un PUE cible autour de 1,1–1,2,
  • et une réduction de la dépendance au refroidissement mécanique.

Ces résultats ne sont pas universels : ils dépendent du design initial, du climat et de la densité de charge.
Un site déjà optimisé en free cooling ne tirera qu’un gain marginal du passage au liquide.

4. Les limites pratiques et économiques

Malgré ses avantages, le refroidissement liquide reste une technologie d’ingénierie complexe.
Les freins identifiés dans les rapports Omdia (2025) et Uptime Institute (2025) sont :

  • Coût initial supérieur de 15–25 % pour les infrastructures neuves,
  • Manque de standardisation entre fabricants,
  • Formation du personnel à la maintenance et à la sécurité des fluides,
  • Risque de fuites (faible mais existant) nécessitant des détecteurs spécifiques.

En pratique, la plupart des opérateurs adoptent une approche hybride, réservant le liquide aux zones à forte densité.

5. Valorisation énergétique : l’atout décisif

L’un des bénéfices les plus mesurables du refroidissement liquide est la récupération de chaleur à haute température.
Contrairement à l’air (30–35 °C), les circuits liquides atteignent 60–70 °C, température compatible avec la valorisation via réseaux urbains ou la récupération interne.

Ce potentiel est reconnu dans :

  • le rapport ADEME 2024 sur la chaleur fatale des data centers,
  • et la Taxonomie européenne 2025, qui cite explicitement la récupération thermique comme critère de contribution “durable”.

Le refroidissement liquide ne remplacera pas l’air partout — mais il devient inévitable pour les environnements à haute densité, où la performance thermique prime sur la simplicité.
Sa réussite dépendra de la standardisation, des coûts d’intégration et du couplage énergétique local. Ce n’est pas une révolution technique, c’est l’adaptation logique d’une industrie à ses limites physiques.

❓ FAQ – Vos questions fréquentes

1. Le refroidissement liquide supprime-t-il totalement la climatisation ?

Non.
Il la réduit fortement, mais un système de secours ou de redondance thermique reste nécessaire pour la sécurité des équipements.

2. Quelle technologie domine le marché ?

Aujourd’hui, le Rear-Door Heat Exchanger et le Liquid-to-Chip sont les plus déployés.
L’immersion reste marginale mais progresse dans les projets HPC et IA.

3. Quels acteurs industriels sont en avance ?

Dell, Lenovo, HPE, Vertiv, Submer, Asperitas, Iceotope, ainsi que Schneider Electric et Stulz sur la partie intégration.

4. Est-ce compatible avec les exigences environnementales européennes ?

Oui.
Le refroidissement liquide permet d’améliorer le PUE, de réduire le WUE et de valoriser la chaleur — trois critères centraux dans la CSRD, la Taxonomie et la directive EED.

5. Quelle rentabilité attendre ?

Selon Schneider Electric (2024) et Vertiv (2025), le retour sur investissement se situe entre 3 et 5 ans dans les environnements à forte densité (>30 kW/rack).

📚 Sources

  • ASHRAE – Thermal Guidelines for Data Processing Environments, 5ᵉ édition (2024)

  • Uptime Institute – Data Center Cooling Trends Report (2025)

  • Schneider Electric – Immersion Cooling Technical White Paper (2024)

  • Vertiv – Energy Efficiency in High-Density Data Centers (2025)

  • Omdia – Global Liquid Cooling Market Outlook (2025)

  • ADEME – Valorisation de la chaleur fatale des data centers (2024)

  • European Commission – Taxonomy Regulation, Technical Screening Criteria (2025)

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